Samedi 15 novembre 2014

THÉÂTRE
CHARLEVILLE-MEZIERES

Manu Pekar Quartet

Orchestre Franck Tortiller
"Janis The Pearl"

janis the pearl
photo Dominique Rieffel

Franck Tortiller : vibraphone, composition, arrangements
Jacques Mahieux : chant  
 Patrice Héral : batterie, effets electroniques
Yves Torchinsky : basse, contrebasse     
  Matthieu Vial-Collet : guitare
Alex Hérichon : trompette, bugle   
     Jean Gobinet : trompette, bugle
Anthony Caillet : euphonium
 Jean-Louis Pommier : trombone

Première partie :

MANU PEKAR QUARTET

Manu Pekar : guitare
Damien Prud’homme : saxophones
Gauthier Laurent : contrebasse
Christian Mariotto : batterie

en partenariat avec le Théâtre de Charleville-Mézières



MANU PEKAR QUARTET
On entend trop peu Manu Pekar, peut-être parce qu'il se consacre beaucoup à ses activités pédagogiques au Conservatoire Régional de Reims. Il a pourtant enregistré quelques très beaux disques, et collaboré avec des musiciens aussi prestigieux que Dave Liebman. Il nous présentait ce soir le quartet avec lequel il a enregistré son dernier album " Et après ? ". On y retrouve des compositions
assez complexes, empreintes de blues, où les mélodies souvent jouées par le beau saxophone ténor de Damien Prud'homme sont habillées par les sons très travaillés de la guitare de Manu Pekar. Celui-ci se montre assez discret, mais sa présence est malgré tout intense, le travail sur le son et les climats étant une des caractéristiques essentielles de sa musique. Certains morceaux évoquent le trio de Paul Motian, quoique la rythmique soit souvent plus carrée. Le batteur Christian Mariotto est remarquable, et la contrebasse de Gautier Laurent apporte une assise solide sur laquelle la guitare peut greffer des nappes sonores plus flottantes. Très beau son de saxophone ténor de Damien Prud'homme, qui met bien en valeur les compositions de Manu Pekar. Une musique remarquablement écrite qu'on aimerait voir s'affirmer au fil de nombreux concerts, mais ça, c'est le travail des programmateurs.

 

ORCHESTRE FRANCK TORTILLER "JANIS THE PEARL"

Après son hommage à Led Zeppelin à la tête de l'ONJ en 2006 , Franck Tortiller était à nouveau sur la scène du théâtre de Charleville-Mézières, cette fois-ci pour un programme "Janis Joplin".

On ne sait que louer : la performance vocale de Jacques Mahieux qui parvient à nous faire oublier la voix de Janis Joplin, l'intelligence des arrangements et des compostions de Franck Tortiller, l'extraordinaire efficacité de la section de cuivres, la finesse, la précision, l'énergie de la guitare de Matthieu Vial-Collet, et la section rythmique qui groove avec souplesse. Ajoutons ce qui fait l'originalité de ce programme : des reprises de Janis Joplin réarrangées, et des compositions lui rendant hommage, sur des textes d'Alice Fitzgerald ou de Jacques Mahieux inspirés de la biographie de Janis écrite par sa sœur. Jacques Mahieux nous apprend que les échanges de courrier entre les deux sœurs apportent un éclairage nouveau sur Janis, personnage plus complexe que l'image qu'on en a. Aux côtés des grands standards que sont Move Over, Kosmic Blues, Mercedez Benz, Half Moon et quelques autres, on trouve donc quelques compositions écrites dans le même esprit, dont quelques perles : le mélancolique "Drinks are on Pearl", basé sur le texte du second testament rédigé par Janis Joplin, par lequel elle invitait ses amis à faire une grande fête pour ses obsèques, à ses frais, " "Drinks are on Pearl, Save your tears for someone else ... ", l'énergique et funky "If there is one " par lequel Jacques Mahieux souhaite à Janis Joplin de vivre une vie meilleure au paradis, s'il y en a un, et d'y retrouver Bessie Smith, de meilleurs musiciens et de meilleurs amants que sur terre. Plus inattendue, la reprise de "Chelsea Hotel" de Leonard Cohen, morceau évoquant son histoire d'amour aussi torride que fugace avec Janis Joplin.

Mélancolie et énergie, deux aspects de ce bel hommage musical. Les morceaux très enlevés, dignes du meilleur Rythm & Blues, voir du funk, alternent avec des passages plus axés sur la mélodie, où le vibraphone de Franck Tortiller, la guitare acoustique et les somptueux arrangements de cuivres évoquant parfois les brass-band font merveille, pour mieux nous entraîner à nouveau dans la transe, portée par une rythmique d'enfer. Yves Torchinski, aussi efficace à la basse qu'à la contrebasse, et Patrice Héral, formidablement inventif à la batterie. Les riffs de cuivres sont d'une précision incroyable, et la guitare électrique de Matthieu Val-Collet, remarquable tout au long du concert. Les chorus sont toujours habillés par des arrangements merveilleusement écrits, et les musiciens, donnent le meilleur d'eux-mêmes. Quelques passages judicieusement placés permettent de reprendre notre souffle : petit solo de vibraphone, introduction vocale déjantée par un Patrice Heral modifiant sa voix par des effets électroniques, quartet de cuivres dirigé par Tortiller, pour mieux replonger dans la soul musique. Il faut citer les membres de cette section de cuivre incroyable : Jean-Louis Pommier au trombone qui communique son plaisir au public, Anthony Caillet qui fait groover et chanter son euphonium , Jean Gobinet efficace et élégant à la trompette, et le jeune Alex Hérichon à la trompette et au bugle, venu en remplacement de Matthieu Michel, qui a su prendre sa place avec une parfaite aisance.
Tout cela, bien entendu, porté par la voix de Jacques Mahieux, éraillée à souhait, profonde, gorgée de soul. Dans le monde du jazz, on le connaît surtout comme batteur. C'est oublier qu'il a aussi enregistré quelques albums de chansons, depuis un vinyle daté de 1976, et deux cds enregistrés en 1991 et 1993 ... Autant dire que quand Franck Tortiller lui a proposé ce projet consacré à Janis Joplin, en lui disant qu'il ne voyait que lui pour tenir ce rôle, Jacques Mahieux a considéré ça comme un merveilleux cadeau et qu'il y a mis toute son âme. Pari risqué et réussi . Pas facile de faire oublier la voix de Janis, et pourtant à aucun moment de ce fantastique concert on ne se dit qu'elle nous manque.

Le public est plus que réceptif et fait un triomphe à cet orchestre, qui revient pour un dernier morceau endiablé, invitant pour l'occasion Damien Prud'homme, le saxophoniste du quartet de Manu Pekar à rejoindre la section de cuivres.

A la sortie du concert, les commentaires sont unanimes : ce moment restera gravé dans les mémoires, et l'on quitte la salle à regret.

Petite consolation : Franck Tortiller reviendra à Charleville régulièrement, puisqu'il entame une résidence de deux ans auprès du Big-Band du CRD. Et il nous reste le très beau CD "Janis the Pearl" pour revivre ce grand moment de musique.

Patrice Boyer

 

Photos du concert par Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel


photo Dominique Rieffel


photo Dominique Rieffel


photo Dominique Rieffel

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Photos de la balance par Dominique Rieffel

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Photos du Manu Pekar Quartet par Dominique Rieffel

photo Dominique Rieffel

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